Dominique a écrit un roman paru en octobre 2021 aux Editions Ex Aequo: Frédéric - Instants de grâce.

 

Ce livre, très particulier, n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il s’adresse à un public adulte averti.
Le sujet est violent, l’écriture douce.

Un traumatisme à l’adolescence détruit une vie, celle de Frédéric, élève musicien au Conservatoire, qui ensuite se détruit jusqu’à sa rencontre avec François, qui tentera tout pour réparer cette vie.
Ces « Instants de grâce », c’est l’amour que se portent deux hommes, inconditionnellement, follement, avec en toile de fond, l’abus sexuel dans la petite enfance.

Réparer le corps par la quête inlassable, la démonstration qu’il peut faire du bien, donner du plaisir, c’est le cheminement de ce récit singulier à la sensualité délicate.

La BANDE-ANNONCE (2 min 20) correspond bien aux intentions de l'auteur.


Frédéric - Instants de grâce, roman, octobre 2021, paru aux Editions Ex Aequo, Collection Vibrato, 356 pages.Egalement en e-book et prochainement en audiobook, lu par l'auteur, chez le même éditeur.Disponible sur la boutique du site de l’éditeur:
Edition Ex Aequo, Collection Vibrato : https://editions-exaequo.fr/Frederic-Instants-de-grace
Ainsi que sur les sites des librairies de vente en ligne, et sur Amazon, FNAC…L'auteur poste régulièrement des extraits sur sa page Facebook. Pour les voir, c'est ici:

Bilal

Émouvante prestation de Bilal Hassani dans Danse avec les stars sur le thème du harcèlement scolaire avec pour accompagnement l’admirable chanson de Maëlle « L’effet de masse », en écho à cet extrait. Adorable Bilal qui a reçu mon livre avec plaisir et m’en a offert la photo !
L’extrait ci-dessous est tiré de Frédéric – Instants de grâce, Éditions Ex Aequo, Collection Vibrato 2021. Chapitre 11 : Récit de Frédéric)


« — Je voudrais te raconter quelque chose… qui m’est arrivé…
J’attends, en le regardant de toute mon attention :
— Dis-moi… dis-moi.
— Voilà… J’étais en classe de seconde au lycée. C’était en juin. J’allais avoir… seize ans. (…)
Ce jour-là, il y avait beaucoup de soleil, comme aujourd’hui. Il faisait chaud. On était justement en permanence. Je voulais aller à la bibliothèque qui était au rez-de-chaussée. Au moment où j’allais entrer… un élève que je ne connaissais pas est venu vers moi. Il avait l’air sympathique. Il m’a dit qu’il y avait un piano dans le vieux bâtiment. Un bâtiment de six étages que je croyais désaffecté tout au fond de la cour de récréation... Il allait être démoli pendant l’été. L’élève qui m’avait abordé — j’ai jamais su son nom — m’a dit : « Viens, je t’accompagne. Je vais te montrer » Je me méfiais un peu des autres, pas des filles, des garçons.
Lorsque je traversais la cour de récréation — seulement traversais car nous n’avions ni temps de récréation ni d’ailleurs cours de gym dans ces classes spéciales d’artistes, pas le temps — je voyais bien qu’on se moquait souvent de moi, de ma petite taille, de ma stature frêle. J’étais plus maigre qu’aujourd’hui. De mon visage… de fille, comme je les entendais dire. Mais mon accompagnateur était encourageant. Il marchait vite, me poussant à le suivre rapidement. Il disait : « Tu verras, tu verras. Ça va te faire une belle surprise ! » Il m’a emmené à la porte de service, du côté opposé à notre lycée. J’étais étonné. Il m’a dit, je l’entends encore : « C’est par là qu’il est le piano. Tu vas voir, ça va te plaire ! » Il m’a fait passer devant lui pour entrer dans le bâtiment. »


Les toutes premières chroniques littéraires honorent l'auteur. 

Les voici:

Chronique de Jean-Pierre Mabille, auteur, chroniqueur littéraire, correcteur notamment pour les thèses des étudiants, dans Chroniqueur de romans contemporains:

Un roman d'une rare beauté. Je vous le recommande vivement.

En découvrant ces Instants de grâce, je ne peux m’empêcher de penser à Verlaine évoquant son rêve familier   «  ce rêve étrange et pénétrant »  sensuel et poétique.

D’une main dentelière, Dominique Faure écrit, danse, dessine, compose, chante l’amour. Avec tendresse et sensualité, Dominique évoque la passion qui unit François et Frédéric, deux artistes dont l’âme est gravée de souvenirs douloureux. Car si le roman est nourri de rêve et du bonheur présent, il porte aussi la violence des cauchemars surgissant de leur enfance déchirée.

Tout au long de son livre, l’auteur nous invite au voyage, de soirées intimes en jours d’absence désolée, de chagrin profond en joie intense, de sereine volupté en peur intestinale, d’incontournable violence en suave douceur. Ses héros sont beaux et nobles. Comment pourrait-on ne pas les aimer ?

 

Chronique de  Gabriel Kevlec, auteur

Retour sur… Frédéric instants de Grâce de Dominique Faure.

François est auteur. De lui, de son physique, finalement, on en sait assez peu : couleur des yeux, des cheveux, au point qu’on a du mal à s’en faire une image mentale. On a le modèle alors à notre image : il est « nous ». Il est « je ». Dès les toutes premières pages, on suit le flot de ses pensées, de ses réflexions ; on plonge avec lui. L’impression est encore renforcée avec les quelques passages où le narrateur s’adresse à Frédéric à la 2e personne du singulier.

Frédéric est musicien. De son corps, on saura tout, tout ce qu’on ne décrit pas forcément en première intention, tout pressé que nous sommes de réduire une personne à quelques traits physiques comme si l’on cochait des cases. Mais Frédéric ne coche aucune case. Garçon féminin, homme blessé, meurtri dans sa chair, émietté dans son âme après avoir subi l’une des pires choses qu’un être humain peut infliger à un autre : le viol.

Au cours de ce roman que j’ai lu en une seule journée tant il m’était impossible de le lâcher, l’auteur raconte avec une extrême pudeur leur rencontre. L’échange de regards, le dialogue des peaux, la jonction des âmes. Une rencontre de près de 300 pages. Et il n’en faut pas moins pour que les personnages se rencontrent en effet, au sens étymologique du terme : aller contre quelqu’un. Et pour cause : Frédéric est un homme en ruine, un homme qui n’a jamais appris que l’amour n’était pas censé faire mal, un homme que la souffrance morale pousse à chercher la douleur physique extrême. Dominique Faure réussit là avec maestria à décrire de façon délicate, presque ouatée, des élans de violence inouïe, violence des autres, violence contre soi. Cette singulière dichotomie, cette valse sur la suture des sentiments nous emporte dans l’intimité de ses deux hommes sans jamais se faire voyeur. Ses mots soyeux comme des plumules de moineaux vous attrapent le cœur, vous fouillent jusqu’à l’âme ; Il manie les mots comme on effleure les touches d’un piano, avec une précision folle et une justesse magistrale.

Cette histoire est celle de l’apprentissage de la douceur, un éloge de la lenteur et de l’amour véritable, celui qui fait passer l’autre bien avant soi-même, celui grâce auquel on accepte une personne dans la globalité, avec ses facettes éclatantes et ses lignes de faille, ses inclusions noires comme de la suie qui nous renvoient à nos propres faiblesses. André Breton écrit dans L’Amour Fou : « C’est vraiment comme si je m’étais perdu et qu’on vînt tout à coup me donner de mes nouvelles. » François et Frédéric se rencontrent et, l’un contre l’autre, iront à l’encontre de la part la plus sombre et la plus douloureuse d’eux-mêmes.

Difficile de décrire l’émoi dans lequel ce roman m’a plongé, la manière dont il a fait écho en moi. Ces mots qui m’ont fait un mal de chien, un bien de fou. C’était parfois comme lire un cri de mon propre cœur, un chagrin de mon propre corps qui fut transpercé, comme tant d’autres, comme trop d’autres, et j’ai perçu entre les lignes un reflet réaliste, jamais exagéré, de ma propre violence, celle avec laquelle on punit le corps qui n’a pas su se défendre, qui a attiré le monstre, mais pourquoi ?, celle qui devient parfois le seul langage par lequel on parvient à communiquer avec lui. Une réplique de Frédéric m’a mis à terre : « Tu sais, il y a des moments où je suis fou. Il faut que tu te le dises. Je ne m’adresse pas à toi. Je crie ma souffrance. Elle ne s’adresse à personne. Surtout pas à toi. Ce sont des instants fous, des désirs fous qui passent. Qui me passent vite. »

Un cri de souffrance. Je ne pourrais mieux l’exprimer. Ce roman est un cri de souffrance à tordre tous les barreaux, un cri silencieux. Peut-on réparer les dégâts causés par d’autres ? Peut-on reconstruire quand on nous a laissé à 16 ans en champ de ruines sur un carrelage froid ? Avec la délicatesse des mains qui se font l’amour, des frissons délicieux de l’effleurement, François va s’y employer, bâtissant de sa tendresse et de ses bras un lieu sûr pour Frédéric. Les scènes d’amour, légères comme des nocturnes, d’une décence et d’une justesse rare, tranchent avec les élans funestes de l’âme de Frédéric. Entre douceur et douleur, son corps balance. Notre cœur aussi.

Un roman magnifique, un coup de cœur que je ne peux que vous encourager à lire, pour apprendre ou réapprendre le toucher du cachemire, les frissons de la plume, et ces tout petits riens qui réparent les âmes.

Ces instants de grâce.

 

Chronique de Julie-Anne de Sée, autrice

 

Je viens de lire "Frédéric, Instants de grâce" de DOMINIQUE FAURE. Comme je ne suis pas égoïste, j'aimerais partager avec vous tout le bonheur que j'ai eu à découvrir ce livre…

 "L'amour (…) est-il capable, seul, de réparer ?" (page 346)

Réparer le traumatisme d'un viol subi à l'adolescence, réapprendre à un corps abîmé qu'il peut éprouver du plaisir, sans continuer à rechercher ce qui fait mal, ce qui blesse en entretenant ainsi les cauchemars de la violence subie ? Réparer le cœur décousu, en étant à l'écoute, en offrant bienveillance, patience, amour fou sans rien consumer ?

 Tel est l'enjeu du narrateur, François, -peut-être un avatar de l'auteur au prénom épicène- qui aime Frédéric, le pianiste si fragile, à la masculinité si féminine et au prénom euphoniquement androgyne. On songe à ce tableau de Gaston Bussière, où deux nymphes au sexe indéterminé se câlinent dans une onde d'où jaillissent des iris… Prénom de Chopin aussi, est-ce un hasard ? Pour lire ce récit d'une résilience (au sens psychologique du terme), il faut s'extraire de la brutalité et de la vélocité du monde qui nous entoure. Le carnet que noircit François pour y consigner tous les développements de son histoire avec celui qu'il aime éperdument épouse justement la partition d'un nocturne de Chopin, (l'opus 9, numéro1) compositeur que Frédéric aime tant interpréter. Le mouvement est d'entrée de jeu larghetto, les notes doivent être jouées legatissimo avant un intermède appassionato, suivi de con forza, avant de s'achever ritenuto. La force, c'est l'amour de François, qui osera tout, y compris la vengeance pour tenter d'aider celui qu'il aime à se reconstruire dans et par l'amour. Il mettra sous le boisseau sa propre passion, s'effacera lui-même pour offrir à son bien-aimé concertiste le bonheur de se réapproprier son corps et son âme cabossés, dans une pudique retenue.

 Tout est ouaté, exprimé mezzo voce, mais tout est violent dans ce livre, d'ailleurs dédié à tous ceux qui ont été abîmés, ont subi un viol. On navigue sans cesse d'une infinie douceur, celle des propos si feutrés, si sensuels, à la brutalité des trop douloureuses réminiscences que Frédéric ne parvient pas à surmonter. Le lecteur est plongé dans l'intime de ces deux hommes amoureux, leur improbable rencontre, leur vécu personnel, leurs longs dialogues, leurs errements, leurs réflexions, leurs craintes et leurs peurs face à la stupidité agressive trop souvent croisée. Un érotisme très subtil se dégage des jolies scènes d'amour, ces instants de grâce, parfois entachés de spectres funestes et trop prégnants quand le corps autrefois martyrisé aspire à l'être encore.

 Si les thèmes abordés sont d'une brûlante actualité : le viol, le harcèlement sexuel, l'homophobie, la fluidité du genre, l'abus sexuel dans l'enfance, il faut déguster cet ouvrage à petites lampées, en prenant le temps d'en savourer le style délicat et raffiné de l'auteur, qui réussit à exposer la très grande sensualité de ses deux personnages avec une infinie pudicité, une décence dans l'écriture qui met haut la barre de l'érotisme, sans jamais être ni vulgaire, ni commun, survolant d'une plume toute en finesse les émois que nous percevons, qui nous touchent et nous bouleversent.

Un très beau roman, au rythme lent, hors du temps mais bien ancré dans le temps présent, et dont s'échappent parfois quelques effluves délicieusement surannés. À découvrir très vite.




Chronique de Farida Oreilly, correctrice, membre du comité de lecture à Evasion éditions.

Gros coup de cœur !
" Frédéric, instants de grâce " de Dominique Faure.
Quand Jeanne Malysa m'a adressé ce livre il y a maintenant une semaine pour un service presse, je ne m'attendais pas à être à ce point bouleversée par sa lecture. Je l'ai aussitôt commencé et ne l'ai pas lâché jusqu'à la dernière page, mouchoirs sortis.
Cependant, ce livre n'est pas à mettre dans toutes les mains, je vous préviens. Il aborde un sujet extrêmement douloureux et ses conséquences tout au long de la vie.
Dominique Faure est un.e auteur.e avec une plume exceptionnelle.
Iel nous offre, avec une écriture douce, précise, en retenue, le récit de la rencontre entre François et Frédéric, puis leur relation magnifique malgré leurs traumatismes.
La douceur de l'écriture contraste avec le thème extrêmement violent qui nous prend aux tripes et nous garde en apnée tout le long du livre. En tout cas, ce le fut pour moi.
François, un auteur dont la vie sentimentale a toujours été décevante, rencontre Frédéric, un pianiste dont le douloureux passé pèse lourdement sur sa vie. Ce passé le ronge et ne lui permet pas d'avoir une relation "normale", ou même d'avoir du plaisir avec ce corps qui a été si violemment profané quand il avait seize ans.
François va alors s'atteler à le "réparer", à l'entourer sans cesse d'amour et d'attentions afin de permettre à Frédéric de connaître enfin le plaisir. La recherche de celui-ci est omniprésente tout au long du livre mais avec pudeur et une extrême sensibilité.
Et que dire cet incroyable jeu de mains entre eux ? C'est juste sublime et tout en délicatesse.
Avancer ensemble grâce à cet amour magnifique qui les lie, cette fusion de deux êtres meurtris par la vie; François ayant lui aussi des réminiscences douloureuses de sa petite enfance.
Merci infiniment à Dominique Faure pour ce livre, tout en douceur incroyable, contrastant d'autant plus violemment avec le sujet traité.
Vous m'avez émue, bouleversée au-delà des mots, et je le suis encore plusieurs jours après l'avoir refermé.
Quant au genre féminin, masculin ou la pansexualité, thème en filigrane, je dirais juste comme François avec cette réflexion qui m'a beaucoup séduite :
" Féminin...oui, je le suis aussi mais pas dans mon physique. Je le sens bien pourtant. On me le dit. On me le reproche parfois...pourquoi ? "
Ou encore cette phrase sublime selon laquelle ce n'est pas le genre des personnes qui compte, c'est la personne elle-même, dans sa globalité.